Lapin

 

Il faut tout de même que je vous présente Lapin. Son vrai nom, c’est Meetoo, mais nous, on l’appelle simplement Lapin. On l’a rapporté de Chine en 2010, où il se morfondait au fond d’une boutique. Depuis, il ne tient plus en place. On part faire une virée en bagnole pour la journée ? Il veut en être. Alors quand il est question de prendre l’avion pour découvrir de nouveaux horizons, il se charge bien de rappeler sa présence.

À peine arrivé à l’hôtel, il s’empresse de poser sur le lit, un canapé, dans la salle de bains… bref, partout où il est sûr de figurer sur la photo qui se retrouvera sur TripAdvisor.

Il lui arrive aussi de se faire des copains. Un jour, on est en train d’attacher notre ceinture avant le décollage quand on entend une petite voix sur notre gauche, mais elle ne semble pas s’adresser à nous. En effet, c’est un nounours qui veut faire causette avec Lapin. Le nounours en question emmène un couple de retraités australiens en Angleterre…

Lors de notre dernier séjour à Fortaleza, il nous a donné une belle frayeur. De retour de Paracuru, nous sommes dans les embouteillages à Fortaleza quand Marielle s’exclame : « Lapin ! J’ai perdu Lapin ! » Stupeur. Comment ça, perdu ? Il n’a tout de même pas fugué, si ? Et puis un lapin chinois, ça ne parle pas portugais. Ou plus banalement, comme nous nous sommes arrêtés à deux ou trois reprises sur la route, il serait tombé de voiture quand Marielle en est descendue ? Pendant qu’elle cherche par terre et sous le siège, je réfléchis à toute vitesse : si c’est à Paracuru, je l’imagine déjà coincé sous la roue d’un 4x4 sur le parking ou dans le caniveau. Avec un peu de chance, il aura été ramassé par un enfant qui en fera son doudou. Ou alors il est tombé par terre à l’une des aires de stationnement au bord de la nationale. Je calcule un itinéraire pour faire demi-tour dans les embouteillages de la fin de journée, surtout inquiet de la nuit qui ne va pas tarder à tomber. Ça va être coton de le chercher dans le noir. Heureusement, les endroits où on s’est arrêté pour photographier les panneaux indicateurs sont faciles à retrouver, mais Paracuru c’est tout de même à 80 kilomètres… Le temps d’une prière furtive, le miracle se produit. Marielle s’exclame tout à coup : « Il est là ! Il avait glissé au fond du siège. » Ouf !